Le permis de conduire à 16 ans? La
route est la première cause de mortalité entre 14 et 18 ans. A côté de
la baisse du coût du permis pour les jeunes, défendue par le
gouvernement, d'autres militent*
pour en abaisser l'âge.
Pour Le
permis de conduire - je propose donc qu'on puisse désormais le passer
dès 16 ans - n'est que la partie visible de l'iceberg. Le volet*
pédagogique de mes propositions est beaucoup plus important, car on ne
réussira à long terme une vraie politique de sécurité routière que
lorsqu'on aura mis en place une vraie politique de formation à la
route. Le permis à 16 ans n'en est que la conséquence ultime et
logique. Je
propose que la sécurité routière devienne une matière à part entière*,
obligatoire, intégrée aux programmes et sanctionnée par un diplôme, le
permis de conduire - ce qui, par ailleurs, en réduirait le coût pour
les candidats. Les enseignants me rétorqueront**,
à raison, que ce n'est pas leur rôle. En revanche, c'est celui de
l'école. Il faudra former des professeurs ou faire appel à des
intervenants contractuels***. Les
opposants à ma proposition rappellent que le taux*
d'accidents est plus élevé chez les jeunes. Mais justement! Si on leur
délivrait un véritable enseignement, ils se sentiraient plus concernés
et accepteraient plus facilement la sécurité routière et ses
contraintes. Il faut leur montrer qu'en ne respectant pas certaines
règles on se tue. Et que certains gestes sauvent. Le permis à 16 ans fait peur aux pouvoirs publics: à cause de l'immaturité des jeunes, parce que cette politique aurait un coût élevé pour l'État, parce que le corps enseignant est plus que réservé. On dit que les jeunes ne sont ni mûrs ni raisonnables, qu'il faut les éduquer: cessons d'être hypocrites et donnons-nous-en les moyens. Je
me mets à la place des associations de victimes, qui, dans leur
majorité, se sont prononcées contre ma proposition. Je ne leur parle
jamais sans émotion et je comprends leurs réactions. Mais ça me
surprend. Ce combat de l'éducation, j'ai l'impression d'être le seul à
le mener. On s'en tient au tout répressif*:
à terme, ça me paraît vain**. Dès
que l'effet de choc qu'on connaît aujourd'hui sera passé, tout
redeviendra comme avant. Regardez les radars automatiques: les
Français sont très réservés. Et les politiques sont très sensibles à
la réserve des Français, qui la leur ont notifiée***
aux dernières élections. Si on s'en tient là, le contrecoup va être
terrible. Les politiques finiront par lever le pied et la mortalité
sur la route repartira à la hausse****.
Contre
Robert Namias a formulé sa proposition d'autoriser le permis de
conduire dès 16 ans sans en référer aux membres du Conseil national de
la sécurité routière, dont il est pourtant le président. Il a expliqué
que cette mesure diminuerait le nombre des jeunes qui conduisent sans
permis - un problème réel: il aurait augmenté de 60% l'an dernier. Ou
qu'elle réduirait les coûts du permis de conduire. En l'espèce*,
M. Namias aurait mieux fait de défendre le principe d'un emprunt à
taux zéro** à l'intention des
candidats. Le
permis actuel n'incite* pas à
commencer l'éducation routière suffisamment tôt, comme en Suède, où
les enfants sont sensibilisés dès leur plus jeune âge. Intégrer
effectivement la sécurité routière dans le cursus scolaire, passer le
«code**» à l'école: tout n'est pas à
jeter dans ce que propose M. Namias - même s'il ne dit pas qui serait
chargé de cette nouvelle matière, alors que les professeurs ne sont
déjà pas formés aux attestations scolaires de sécurité routière
(ASSR), délivrées en classes de cinquième et de troisième. Mais, quand
il parle de conduire sans accompagnement à partir de 16 ans, il
déraille.
Aujourd'hui, à 16 ans, la conduite accompagnée*
permet de multiplier les heures passées au volant avant le permis, qui
n'en impose que trente. Il faut réfléchir à une généralisation de
cette pratique et à une levée des obstacles qui la freinent,
financiers ou administratifs. Avec le permis à 16 ans, que
deviendrait-elle? On l'autoriserait dès 14 ans? Et on laisserait les
jeunes rouler sur des cyclomoteurs dès 12 ans? A 16 ans, on est moins responsable qu'à 18. Adolescent, on cherche à s'affirmer, à repousser ses limites. Le nombre de tués sur la route entre 14 et 18 ans est déjà indécent. C'est la principale cause de mortalité chez les jeunes de cet âge, alors qu'ils n'ont accès qu'à des deux-roues de puissance limitée. Et la majorité des accidentés sont victimes de leur propre comportement. Vous imaginez ce qu'il en serait s'ils pouvaient conduire des voitures? Certains États américains autorisent la conduite à 16 ans, c'est vrai. Mais si, globalement, la sécurité routière est meilleure aux États-unis, il convient de préciser qu'on y meurt plus chez les 16-18 ans. Si cette mesure était adoptée chez nous, elle provoquerait le même déséquilibre. Je les vois, moi, les jeunes, quand je fais des interventions dans les lycées. Je connais leur rapport à la voiture, leur immaturité en la matière. A 18 ans, ce n'est déjà pas formidable. A 16 ans, c'est pire. |
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Updated 28 February 2005.