upJulie - le 07 mars 2005 (retraite)


   

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L'Express du 03/01/2005
Et si on laissait les retraités travailler?
par Anne Vidalie

 Autoriser sans restriction le cumul retraite et emploi est l'une des mesures phares du rapport Camdessus. Si certains y voient un moyen habile d'augmenter les cotisations retraite et de pallier ainsi le déficit de notre régime de pension, d'autres s'insurgent, arguant que c'est accroître les rangs des demandeurs d'emploi
 
 
«Il y a un gâchis incroyable à empêcher de travailler les retraités qui le souhaitent!» Pierre Leboulleux, 73 ans, ancien directeur de la société de conseil et de formation Cegos, a un avis bien arrêté sur la question: «Le travail engendre le travail. Et ceux qui travaillent sont en meilleure santé que les autres!» Officiellement retiré des affaires depuis 1996, ce septuagénaire bourré d'énergie et d'enthousiasme a poursuivi une activité rémunérée jusqu'à la fin de 2000. «Des missions ponctuelles en tant que consultant indépendant, qui représentaient un complément de revenu non négligeable», avoue-t-il. Il est toujours consultant, mais bénévole à présent. Par choix.

Cumuler retraite et emploi «sans restriction»: voilà l'une des propositions phares du rapport remis le 19 octobre à Nicolas Sarkozy, alors locataire de Bercy, par Michel Camdessus, ancien directeur général du Fonds monétaire international. Déjà, la réforme des retraites signée François Fillon va sensiblement faciliter ce cumul. Depuis le 1er janvier 2005, les retraités français que démange l'envie de travailler y sont autorisés dès 55 ans, à deux conditions: ils doivent attendre six mois minimum s'ils reprennent un job chez leur ancien employeur (ils peuvent commencer tout de suite chez un autre); l'addition de leur pension et du revenu qu'ils tirent de leur nouveau boulot, salarié ou non, ne doit pas dépasser la moyenne mensuelle des salaires perçus au cours de leurs trois derniers mois d'activité. Sinon, plus de retraite. Le dispositif est alléchant pour les cadres supérieurs, dont les retraites sont bien moins plantureuses que leurs dernières rémunérations. Beaucoup moins pour les smicards, qui touchent en moyenne plus de 80% de leur dernier salaire. «La demande émane plutôt de cadres de haut niveau qui ont le blues du travail et souhaitent s'assurer un niveau de vie élevé à la retraite», précise l'avocat Clément Raingeard, spécialiste du droit social.

Parmi les 12 millions de retraités, les «cumulards» ne sont pas légion aujourd'hui: 2% des plus de 60 ans, soit environ 185 000 personnes. Et les Français, dans leur grande majorité, ne manifestent pas une folle envie de rempiler. 72% d'entre eux affirment n'avoir aucune envie de se lancer dans une seconde vie professionnelle. Tant mieux, tranchent les détracteurs du cumul emploi-retraite: selon eux, il serait criminel de grossir davantage les rangs des demandeurs d'emploi. Priorité aux jeunes qui peinent à se faire une petite place sur le marché du travail. Tant pis, disent les partisans du boulot des seniors, les Français vont devoir s'y faire. La réforme des retraites adoptée en 2003 n'est qu'un replâtrage qui ne tiendra pas longtemps. Les cotisations retraite supplémentaires que verseront les futurs «cumulards» seront les bienvenues pour renflouer notre régime de pension. Les deux camps n'ont pas fini de s'affronter.
Titre : l'une des mesures phares : qui sert de modèle
           Pallier : trouver une solution peu satisfaisante, provisoire.
           Arguer : prétexter
&1 : avoir un avis bien arrêté sur quelque chose : être sûr de soi.
&2   : plantureux (se) : ici important(es)
        : émaner de : venir, provenir de .
&3 : rempiler : s’engager à nouveau.
      : un replâtrage : une solution précaire

 


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Updated 24 April 05.

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Dernière mise à jour le 24 avril 2005.